
Suspendu de son poste de Directeur sportif de Coton Sport de Garoua pour insuffisance de résultats, Nouhou Moussa nous a accordé un entretien exclusif. L’homme qui a passé 4 ans à ce poste au club revient notamment sur les contours de sa suspension, les raisons des difficultés actuelles du club, mais se projette aussi sur l’avenir: c’était quelques heures avant le match de mercredi dernier face à Fovu de Baham (5-1).
CFOOT: Bonjour monsieur Moussa et merci de nous accorder de votre temps pour répondre à nos questions
N. Moussa: Bonjour, c’est moi qui vous remercie.
CFOOT: Comment avez-vous accueilli l’annonce de votre suspension du poste de directeur sportif de Coton Sport de Garoua ?
N.Moussa: « C’était avec beaucoup de regrets, même si on s’y attendait un peu. On ne pouvait pas avoir de si mauvais résultats et continuer de penser que tout devrait toujours se passer comme avant, comme ci de rien était. Il fallait qu’à un moment les responsabilités soient engagées.»
CFOOT: Vous parlez de responsabilités et là vous me tendez la perche pour vous demander quelle est la vôtre sur tout ce qu’il s’est passé jusqu’ici ?
N. Moussa: « Je suis le directeur sportif du club. Les séquences de jeu, l’organisation des rencontres, la mise sur pied de toutes les orientations qui concourent aux bons résultats de l’équipe, c’est ma responsabilité. Le problème ce n’est pas seulement le rendement des garçons sur le terrain. Même à mon niveau il y avait beaucoup de choses à faire, surtout avec les moyens que met l’administration du club à tous les niveaux. Coton s’investit quinze fois plus qu’un club normal au Cameroun; alors quand les résultats ne suivent pas, nous devons rendre gorge.»
CFOOT: Vous évoquez là votre part de responsabilité, mais sur le plan pratique, comment expliquez-vous les mauvaises performances de Coton ?
N. Moussa: « Je ne vais pas évoquer certaines choses ici, car le linge sale se lave en famille. On sort d’une bonne saison avec une demi-finale de coupe de la CAF et un titre de champion. On a fait un recrutement, mais ça tarde juste à décoller. On doit continuer de travailler. »
CFOOT: On comprend ce que vous dites, mais est-ce que Coton ne paye-t-il pas son management approximatif de l’après saison dernière, avec notamment de nombreux départs parmi les titulaires ?
N. Moussa: « Vous savez, qui veut aller loin ménage sa monture. On est arrivé à un moment où quand tu vois un joueur qui veut partir, ça ne sert à rien de le retenir, surtout quand il a des opportunités meilleures que ce que tu lui proposes. »
CFOOT: Mais de là à laisser filer plus de 70% de votre 11 titulaire, c’est quand-même questionnable n’est-ce pas ?
N. Moussa: « C’est la énième fois que cette question revient dans nos échanges vous et moi. Je me demande si vous n’êtes pas envoyé par d’autres personnes pour cela. Je vous ai toujours dit que les joueurs ont eu des opportunités, et on ne pouvait pas leur fermer cette opportunité. En plus il était question pour nous d’intégrer des jeunes du centre pour construire une équipe qui va durer. Ça se fait avec les enfants formés au club. En plus il y a des joueurs qui étaient de moins en moins disciplinés, et donc on n’avait pas trop de choix.»
CFOOT: Il y a pourtant des exemples contraires à ce modèle de fidélité que vous décrivez, notamment avec Félix Oukiné ex capitaine formé au club, mais qui depuis la fin de saison dernière a plus la tête ailleurs qu’à Coton !
N.Moussa: « (Rire) le cas Oukine est particulier, car c’est un joueur toujours sur la liste des départs. C’est un cas que nous n’allons pas remettre sur la table. Pourquoi vous ne prenez pas les cas de Wassou et Souaibou qui sont aujourd’hui en équipe nationale ? Il est important pour Coton de faire de son centre de formation, le fer de lance du club, la lumière qui éclaire les autres. Nous avons cinq niveaux de formation. Si chaque année on doit aller prendre des joueurs ailleurs, à quoi nous servirait donc notre centre ? »
CFOOT: Il reste tout de même que les Salomon Banga, Étamé Ngombe et autres Thierry Tchuente ont permi à l’équipe d’être au sommet; pourquoi Coton ne met pas les moyens pour les conserver et leur adjoindre quelques jeunes du centre ?
N. Moussa: « Non, la difficulté est plus profonde que ça. Nous sommes allés jouer récemment en Égypte, la recette de stade pour les Égyptiens était environ de 600 millions. Nous nous avons joué samedi dernier à Bafoussam, nous avons eu 20 mille Francs. Vous voyez bien la différence. Tous ces joueurs que vous citez jouent tous au Maghreb, avec des salaires qu’aucun club au Cameroun ne peut leur offrir. Alors le choix est vite fait, et nous ne pouvons pas empêcher ces enfants d’aller mieux gagner leur vie. Alors on doit penser au résultat, mais pas au détriment de l’avenir et des intérêts des joueurs. »
CFOOT: Toujours dans le registre des responsabilités, il y a que plusieurs joueurs ont été recrutés à l’inter saison, mais ne jouent pas, et d’autres ne sont pas à la hauteur des attentes !
N. Moussa: « Oui, c’est une question qu’il faut poser au staff technique. Car c’est lui qui gère les ressources humaines à sa disposition. En début de saison, il y a un collège qui est formé pour décider de quels joueurs on recrute. Dans ce collège il y a le coach principal et son Adjoint entre autres. S’ils ne peuvent pas intégrer des joueurs qui ont été collegialement retenus, il faut leur poser la question. À mon niveau j’ai mis à la disposition de l’encadrement technique tout ce qu’il a demandé. »
CFOOT: On sait que vous êtes toujours très proche du club malgré votre suspension, alors dites nous, comment Coton compte-t-il s’en sortir de cet impasse actuel ?
N Moussa: « Il faut continuer de dialoguer avec les joueurs comme l’a fait récemment le président à Bafoussam. Motiver les garçons pour qu’ils sortent cette spirale négative de leurs esprits.»
CFOOT: Dernière question DS, il y a le coach Haman qui était adjoint autrefois et qui va désormais prendre la tête de l’encadrement technique, que savez-vous de lui ? A-t-il la solution pour redresser la pente ?
N. Moussa: « Le coach Haman ne serait pas dans Coton Sport s’il n’avait pas ce qu’il faut pour y être. C’est un entraîneur chevronné qui est au club depuis plus d’une vingtaine d’années déjà. Il a travaillé avec beaucoup d’entraîneurs qui sont passés par le club. L’expérience qu’il a glanée pendant toutes ces années devrait lui permettre de faire de bons résultats au club. L’idée d’avoir écarté l’entraîneur principal et le Directeurs Sportif peut être salvatrice; onnle verra des ce soir face à Fovu de Baham. »
CFOOT: Merci DS et beaucoup de courage pour la suite
N. Moussa: « C’est moi qui vous remercie »
Entretien réalisé par Alain Denis Ikoul
Le premier magazine 100% football au Cameroun
