Dans une correspondance adressée à son comité exécutif ce vendredi soir, le président de la FECAFOOT demande une prorogation de son échéance pour s’exprimer sur l’avenir d’Antonio Conceiçao; une demande qui en toute logique suggère plusieurs interrogations en tête desquelles: Samuel Eto’o ne ravale-t-il pas ses propos vomissures ? L’analyse d’Alain Denis Ikoul
Retour sur les Faits: Du 13 au 18 février !
« Cette équipe a démontré beaucoup de belles choses et il n’est pas question de lui couper la tête… La priorité n’est pas de déstabiliser l’équipe en la décapitant, en coupant la tête de l’entraîneur » déclarait le Ministre des Sports et de l’éducation physique, dans un entretien accordé à la télévision nationale publique, le dimanche 13 février. Le Ministre des Sports et de l’éducation physique mettait ainsi fin aux débats sur le futur (immédiat) de Conceiçao, en confortant le portugais à son poste, au moins jusqu’à l’issue de la double confrontation face à l’Algérie en mars prochain.
Trois jours plutard, dans une l’issue de la session ordinaire du comité exécutif de la FECAFOOT tenu le 16 février, le COMEX dans l’une de ses résolutions “somme” Samuel Eto’o de se prononcer sur le bail d’Antonio Conceiçao: « Un délai de 72 heures a été donné au Président de la FECAFOOT pour prendre une décision concernant l’avenir de Antonio Conceicao comme sélectionneur national à la tête des lions indomptables du Cameroun » peut-on lire dans le Communiqué des résolutions finales prises lors de la session ordinaire du Comité Exécutif de la Fecafoot tenu ce 16 février 2022 à Limbé.
Encore les faits: le coup fatale de Samuel Eto’o !
Dans la matinée du 18 février, une correspondance signée du président de la FECAFOOT et adressée au ministre des sports dans une tonalité plutôt injonctive, “fuite” dans l’espace public: « Je voudrais souligner l’importance du respect du Statut de notre chère Fédération nationale de football. En référence au décret présidentiel numéro 2014/384 du 26 septembre 2014, sur l’organisation et le fonctionnement des sélections nationales de football, il précise clairement ce qui suit à l’Article 3: (1) La gestion administrative, sportive et technique des équipes nationales de football relève de la compétence de la fédération camerounaise de football, ci-après dénommée FECAFOOT.
Cela dit, la réflexion sur le maintien ou la résiliation du contrat avec l’actuel sélectionneur de notre équipe de football les Lions Indomptables du Cameroun est toujours en cours. (…) Nous informerons donc le Ministère de contrôle compétent de la décision adoptée au moment opportun. » peut-on lire dans un courrier du Président de la FECAFOOT, adressé à Narcisse Mouelle Kombi depuis la veille du comité exécutif.
Toujours les faits: La riposte souteraine du Minsep !
En réponse à la correspondance injonctive de Samuel Eto’o, le clan Mouelle Kombi en toute discrétion agite ses réseaux, et ventile une nouvelle carte dans l’espace public: il s’agit des deux correspondances du Secrétaire général à la Présidence de la République, la première validant l’idée du limogeage de Clarence Seedorf (17 juillet 2019), la seconde accordant au Minsep et à la Fecafoot l’autorisation de prolonger Conceiçao (le 13 Août 2021).
Dans la première correspondance du SGPR du 17 juillet 2019 on peut lire: « J’ai l’honneur de vous faire connaître que le Chef de l’Etat a marqué son accord pour la résiliation en liaison avec la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), des contrats de l’Entraîneur-Sélectionneur et de son Adjoint conformément aux dispositions de l’article 9 desdits contrats signés le 10 août 2018 par Monsieur Clarence SEEDORF, Monsieur Patrick KLUIVERT, la FECAFOOT et le Ministre des Sports et de l’Education Physique. » Et dans la plus récente relative à Conceiçao, on peut lire: « J’ai l’honneur de vous notifier l’accord du Chef de l’Etat pour la prorogation du contrat de l’Entraîneur-Sélectionneur des Lions Indomptables aux conditions évoquées dans votre correspondance susvisée ainsi que ceux des autres membres du staff technique. » Le sous-entendu de ces deux correspondances et surtout le timing de leur divulgation sont clairs: “C’est la présidence (l’Etat) qui fait et défait les sélectionneurs au Cameroun”.
Le fait final: l’Eto’o rétraction !
Face à la fatalité de la réalité, Samuel Eto’o décide de se donner du temps de réflexion. Dans une lettre adressée à son comité exécutif, l’ancien capitaine des Lions se donne du temps pour réfléchir, à 24 heures de l’échéance initiale à lui accordée par son COMEX: « Je vous saurais donc gré de m’accorder un délai supplémentaire avec une date annoncée au 23 Février 2022 à 18 heures » suggère-t-il à son comité exécutif, sous le prétexte de la double confrontation des lionnes face à la Gambie qui l’empêcherait de réfléchir de manière apaisée sur le sujet Conceiçao. Toute chose qui à la vérité, pourrait sonner comme un aveu d’impuissance, un ravalement de ses propres vomissures de la part du double champion d’Afrique.
Dans ce Capharnaüm total ayant depuis quelques jours déjà théâtralisé le football camerounais autour du contrat de Conceiçao, il reste que c’est l’image du Cameroun qui s’en sort de plus en plus écornée. Figure par excellence de la réussite footballistique en Afrique en général et au Cameroun en particulier, Samuel Eto’o semble à travers son exigence de professionnalisme et son sens prononcé pour la perfection, s’être malheureusement jeté dans un panier à crabes. Le Cameroun a son fonctionnement, le Cameroun a ses règles. Il peut selon toute vraisemblance être admis, pour le cas d’espèce, que ce délai supplémentaire demandé par Samuel Eto’o, sonne comme un aveu d’échec pour Samuel dans sa guerre ouverte contre le gouvernement et ses tares, mais cette “rétraction” provisoire du Pichichi pourrait aussi traduire les limites d’un président au zèle surdimensionné, et confronté à la réalité d’un pays qui depuis des décennies, a vite fait d’écarter la norme et normaliser l’écart. Samuel est à l’école du Cameroun et sa propre école à lui-même. Et Comme le dit un dicton très répandu sur les réseaux sociaux: « Si on t’explique le Cameroun et que tu comprends, c’est qu’on t’a mal expliqué »
